Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/31

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de ses provinces. En donnant des secours au Portugal contre l’Espagne, malgré les conditions expresses de la paix des Pyrénées[1], il avoit donné lieu de croire que, lorsque la raison d’état seroit mise en avant, on le trouveroit peu scrupuleux sur la foi que l’on doit aux traités. Enfin, tandis que ses flottes purgeoient les côtes de la Méditerranée des corsaires de Tunis et d’Alger dont elles étoient infestées, un petit corps de troupes auxiliaires, qu’il avoit envoyé à l’empereur, se signaloit dans la guerre que ce monarque soutenoit contre les Turcs, et décidoit par sa valeur du succès de cette guerre périlleuse et de la paix qui la suivit. Au sein de cette prospérité qui sembloit plus qu’humaine, il ne falloit donc qu’une occasion pour donner l’essor à l’ambition et à l’humeur belliqueuse d’un jeune prince qui, de quelque côté qu’il portât les re-*

1 Pour violer ce traité, des ministres, et Turenne lui-même que l’on voit avec peine professer de pareilles doctrines, soutinrent que « la promesse qu’avoit faite Mazarin d’abandonner le Portugal étoit une foiblesse contraire à l’équité naturelle, au droit des gens, à la protection que les rois se doivent mutuellement ; qu’elle n’étoit pas moins contraire à la politique ; que l’intérêt de la France étoit que la couronne de Portugal fût indépendante ; que l’Espagne n’étoit point encore assez humiliée, quoiqu’elle le fût beaucoup ; qu’il falloit l’abattre tellement, qu’elle ne pût pas se relever, etc. (Mém. [**Note : small caps : ]de Choisi.). Le roi goûta ces raisons ; et, en effet, elles devoient lui sembler bonnes, les affaires des rois ne se traitant pas comme celles des particuliers.