Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/30

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quel il opéroit cette grande restauration de la France industrielle. Louvois en étoit jaloux, et pour contrebalancer les succès pacifiques de son rival, il épioit une occasion d’engager le roi dans quelque guerre où il pût faire briller à son tour ce qu’il avoit d’habileté.

Ce n’étoit pas une entreprise fort difficile avec un prince tel que Louis XIV : déjà il avoit fait preuve d’une grande susceptibilité sur ce qu’il croyoit toucher à l’honneur de sa couronne ; l’empressement avec lequel il venoit d’accepter la donation injuste et bizarre que le duc de Lorraine, Charles IV, avoit imaginé de lui faire de ses États, au préjudice des droits légitimes de sa famille[1], le montrait assez disposé à saisir toute occasion qui se pourroit présenter d’accroître le nombre

1 Ce prince, que nous avons vu jouer un rôle dans la Fronde, et que les vicissitudes de sa fortune, ses inconstances et ses bizarreries ont rendu plus célèbre que ses talents militaires qui étoient très réels, fit cette donation au roi, pour se venger de ce que son neveu, à qui il avoit promis la succession de ses États en faveur de son mariage avec mademoiselle de Nemours, usoit de l’entremise même du roi pour obtenir l’exécution d’une promesse que son oncle ne vouloit plus tenir, parce que ce mariage, qui lui avoit plu d’abord, lui deplaisoit maintenant ; et Louis XIV, qui s’étoit déclaré le protecteur du jeune prince de Lorraine, ne balança pas à signer une convention qui l’enrichissoit des dépouilles de son protégé, ne répondant autre chose à ses justes plaintes, sinon que les affaires des rois ne se traitoient pas comme celles des particuliers. Toutefois, on sait que ce traité demeura sans effet.