Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/34

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avec le roi d’Angleterre, dont l’amitié étoit à ménager, ou de s’aliéner ces républicains qu’il lui importoit de ne pas avoir contre lui, lorsque le moment seroit venu de faire valoir ses prétentions héréditaires sur les Pays-Bas. Il essaya d’abord le rôle de médiateur entre les puissances belligérantes, rôle qui lui réussit si peu que les Anglois lui déclarèrent la guerre à lui-même, et continuèrent en même temps de la faire à ses alliés. Les choses en étoient là, lorsque, sur les derniers refus que fit le cabinet espagnol de lui céder les provinces qu’il réclamoit, se croyant sûr des Hollandois qu’il avoit délivrés des hostilités de l’évêque de Munster, et d’un autre côté ayant pris toutes ses mesures pour ne point trouver d’obstacle à l’entreprise qu’il méditoit[1], il commença brusquement la guerre ; et marchant lui-même à la tête de ses troupes, entra

1 « Les premiers historiens de Louis XIV, n’ayant pas tous les documents que l’on a acquis depuis, disent que ce fut au moyen d’un traité d’alliance qu’il fit avec la Suède qu’il s’assura, dans cette guerre, la neutralité de l’empereur, la Suède s’engageant par ce traité à faire entrer douze mille hommes dans les États héréditaires d’Autriche, au moment où l’empereur prendroit parti contre la France. Depuis, l’on a découvert que l’inaction du chef de la maison d’Autriche, dans cette circonstance, avoit pour cause un traité conclu secrètement entre lui et le roi de France, traité à peu près semblable à celui qu’ils entamèrent à la mort de Charles II, roi d’Espagne, et dans lequel ils se partageoient à l’avance les dépouilles de ce roi encore enfant, dont l’un et l’autre étoient les protecteurs naturels. » (Voltaire, Siècle de Louis XIV.)