Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/7

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France, qui avoit eu la plus grande part à cette paix impie et scandaleuse, en donna le premier exemple. On sait que l’Espagne avoit protesté contre le traité de Westphalie, non qu’elle en détestât les maximes, mais uniquement parce qu’elle ne vouloit pas accéder à la cession de l’Alsace, qui étoit une des principales clauses de ce traité ; et qu’en conséquence de cette protestation, la guerre avoit continué entre les deux puissances. Or il n’y avoit alors qu’un seul souverain dont l’alliance pût être utile à l’une comme à l’autre, et faire pencher la balance du côté où il lui plairoit de se ranger, et ce souverain étoit Cromwell. Aussitôt l’assassin d’un roi, l’usurpateur d’un trône, l’ennemi fanatique du catholicisme, devint un personnage considérable pour les deux plus grands monarques de la chrétienté ; ils le recherchèrent, ils le courtisèrent, les flatteries même ne lui furent point épargnées. Ils le rendirent en quelque sorte l’arbitre de leurs destinées, lui donnant à choisir entre la ville de Calais et celle de Dunkerque, dont ils s’offroient à l’envi de l’aider à faire la conquête ; enfin, par un événement que la France considéra comme heureux pour elle, l’île de la Jamaïque, qui appartenoit à l’Espagne, s’étant trouvée à la convenance de Cromwell, celui-ci s’en empara brusquement, et deux traités furent signés, l’un à Westminster, en 1655,