Page:Saint Nil - Traité de la Prière, trad. Joliet, 1925.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
traité de la prière

de soi et aller vers son propre Maître dans une quiétude sans défaillance, et pour converser avec lui sans intermédiaire.

4. Quand Moyse voulut s’approcher du buisson ardent, il en fut empêché tant qu’il n’eut pas quitté ses chaussures. Et toi, qui veux voir celui qui dépasse toute pensée et tout sentiment, tu ne te dégagerais pas de toute notion sensible ?

5. Prie d’abord pour recevoir le don des larmes, afin d’amollir par tes pleurs la rudesse de ton âme ; puis tu obtiendras le pardon en confessant ton iniquité au Seigneur.

6. Use des larmes en toutes tes demandes, car ton Seigneur se plaît fort à accueillir la prière faite avec larmes.

7. Quand même tu verserais des torrents de larmes à l’oraison, ne t’enfle pas comme si tu valais mieux que les autres. Car ce n’est qu’un secours donné à ton oraison, pour confesser généreusement tes péchés et apaiser le Seigneur.

8. Ne change pas en passion ce qui était un remède contre les passions, ce serait irriter davantage l’auteur de ce don. Beaucoup qui pleuraient leurs péchés ont oublié le but de leurs larmes, et pris de folie ils se sont fourvoyés.

9. Maintiens-toi virilement dans une oraison soutenue, et écarte soucis et pensées qui se présentent. Cela te troublerait, te fatiguerait et dissiperait ton attention.

10. Quand les démons te voient tout désireux de vraiment prier, d’abord ils te suggèrent la pensée de choses bien nécessaires, puis vite ils t’en enlèvent le souvenir.