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mais attaquer et calomnier sans protestation. (À l’ordre ! à l’ordre !)

« M. Lacaze. Vous n’êtes pas ici pour cela.

« M. de Maupas. Vous serez alors tout seul dans le Sénat pour défendre de pareilles doctrines.

« Un sénateur. Tous les honnêtes gens doivent protester contre de telles paroles.

« De toutes parts. Assurément.

« M. le comte de Grossolles-Flamarens. C’est la première fois que, dans cette enceinte, l’athéisme trouve un défenseur.

« M. Le Verrier. Nous ne demandons pas qu’on attaque ces opinions, mais pour les respecter, jamais !

« M. le maréchal Canrobert (vivement et en s’adressant à M. Sainte-Beuve). Ce n’est pas dans cette assemblée qu’on peut faire l’apologie de celui qui a nié la divinité du Christ, et qui s’est posé comme l’ennemi acharné de la religion de nos pères qui est encore celle de la très-grande majorité des Français. Quant à moi, en laissant à chacun la liberté d’apprécier à son point de vue le livre de cet écrivain, je proteste formellement contre les doctrines qui y sont émises, et je suis persuadé que ma voix aura ici beaucoup d’échos. (Très-bien ! très-bien ! — Mouvement bruyant et prolongé d’approbation.)

« M. de Maupas. L’occasion est bonne pour le Sénat de protester énergiquement contre une pareille œuvre et contre les tendances antireligieuses et immorales dont elle a fait l’apologie. (Oui ! oui ! — Très-bien !)

« M. Ferdinand Barrot et plusieurs sénateurs. Revenons à la loi sur l’instruction primaire, — l’ordre du jour.

« M. Sainte-Beuve prononce quelques mots qui n’arrivent pas jusqu’à nous. (À l’ordre ! à l’ordre !)

« M. le Président. Si vous persistez dans vos interruptions, je serai obligé, monsieur Sainte-Beuve, de vous rappeler à l’ordre.

« Vous soulevez, vous le voyez, des incidents qui sont de nature à troubler le calme habituel des délibérations du Sénat. Personne n’avait songé à M. Renan, c’est vous qui, en le nommant, l’avez mis en cause.

« Renoncez, croyez-moi, à prolonger ce regrettable incident.

« De toutes parts. Très-bien ! très-bien !

« M. de Mentque. Je demande formellement que l’orateur revienne