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à la question, c’est-à-dire à la discussion de la loi ; il est plus que temps que l’incident soit clos.

« M. Rouland. Laissez parler l’orateur, on répondra.

« M. le Président. Ne prolongez pas cet incident, monsieur Rouland.

« (Plusieurs membres se lèvent et semblent se disposer à prendre la parole.)

« M. Suin. Nous demandons qu’on revienne à la question.

« Voix diverses. Oui ! oui ! — À la loi. — Parlez, monsieur de Ségur, continuez.

« M. le Président. J’invite l’orateur à continuer son discours, mais en se renfermant dans la question, ainsi que le désire le Sénat.

« (Le calme se rétablit peu à peu.) »

Le lendemain de cette séance, après la lecture du Moniteur, j’adressai à M. le Président Troplong la lettre suivante :

« Ce 30 mars 1867.


« Monsieur le Président.

« Le respect que j’ai pour vous et, laissez-moi ajouter, l’affection que m’inspire votre personne ne m’interdisent point cependant de vous faire remarquer que lorsque, hier, M. de Ségur d’Aguesseau a parlé d’une nomination scandaleuse, il n’a parlé et pu parler que de M. Renan, comme lui-même en est convenu aussitôt après, à moi parlant. Il n’est donc point exact de dire que personne n’avait songé à M. Renan ; car il était clairement et expressément désigné. Je n’ai donc point inventé à plaisir une personnalité : elle était dans les paroles de M. de Ségur. J’aurais pu, en effet, faire semblant de ne point l’apercevoir, et cela eût été plus conforme aux habitudes et aux usages. Il est, — je le sens trop d’après l’épreuve d’hier, — il est des points sur lesquels je ne m’accoutumerai jamais à retenir ma pensée, toutes les fois que je la croirai d’accord avec le vrai, avec le juste, et aussi avec le bien de l’Empire qui n’a nul intérêt à pencher tout d’un côté, et qui, sorti de la Révolution, ne saurait renier aucune philosophie sérieuse. Nous avons fort reculé, monsieur le Président, sur le