exigeants ne viennent là qu’à toute force et par la nécessité du refrain. La strophe si haute et si fière en est un peu déparée. Et à la quatrième strophe, c’est bien pis :
Sur nos débris Albion nous défie.
À la cinquième, le poëte a épuisé ses rimes et ses ressources ;
la langue française, en poésie, n’en a pas plus.
Il se voit obligé de détoner et de grimacer :
Chérubins à la face bouffie.
Réveillez donc les morts peu diligents !
Aussi, toute part faite à l’intention du Dieu des Bonnes
Gens, j’aime mieux, comme petit exemple de perfection,
la pièce : Un jour le bon Dieu s’éveillant. Béranger
a beau vouloir élever le génie de la chanson, il n’y parvient
que jusqu’à un certain point ; on ne force pas la
nature des choses, ni ce qu’il y a d’inhérent dans les
genres. C’est encore, après tout, dans le genre semi-sérieux,
semi-badin, qu’il s’en tire le mieux et qu’il réussit
plus complètement qu’ailleurs. Là, du moins, si le mot
grimace, la chanson s’en accommode. Il est plus à son
aise avec l’esprit qu’avec la grandeur, bien qu’il y atteigne
par jets. Je crois littérairement ce point très-essentiel à
rappeler. Rabattons-nous à voir son originalité et sa perfection
où elle est véritablement, tout en lui sachant gré
des autres tentatives. Il n’excelle que là où il faut surtout
de l’esprit : ailleurs, là où il faudrait de l’élévation
continue, il a des élans, de l’effort, même des traits
sublimes, mais aussi des entorses et des faux pas.
On a tant dit et redit que Béranger a fait plus et mieux que des chansons, qu’il est sans doute arrivé lui-même à croire qu’il ne s’est resserré dans ce genre que parce qu’il l’a bien voulu, et qu’il n’eût tenu qu’à lui de tenter une plus vaste carrière, de remplir indifféremment, par