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CORRESPONDANCE.

La série de ces lettres donne le véritable commentaire et le fil conducteur de toute l’œuvre de Proudhon. Quand cela sera un jour imprimé en totalité (car il faudra en venir là), toute la philosophie de l’homme sera connue. Vous le serez aussi, mon cher monsieur ; et, pour mon compte, je ne saurais assez vous remercier de m’avoir permis, par cette lecture intime, de connaitre si à fond deux hommes. C’est un grand profit pour moi. Ce grand article d’exposition que Proudhon ambitionnait de faire sur vous et sur vos travaux, il l’aura fait, sans y songer, dans la continuité même de ses lettres. Il l’aura fait très-complétement, au moins au moral et pour ce qui est de la philosophie de votre esprit. Combien il a raison dans ce qu’il dit des encadreurs et de la nécessité, ici, de plaire pour réussir ! Vous connaissez Edélestand du Méril, lequel pourtant n’a cessé de vivre à Paris. Eh bien, cet homme, cet érudit du premier ordre, au moins pour l’étendue des lectures et pour l’immensité des analyses, ils ne l’ont jamais voulu admettre ni reconnaître, faute d'un certain ragoût !…


CCCIV.
a m. dübner[1]
Ce 1er septembre 1865.

Cher monsieur,

Je suis bien hardi ; mais, critique, je viens me plaindre un peu au critique qui, selon moi, a faibli. Oui, cher

  1. Le savant helléniste Dübner, figure originale et sympathique. Sainte-Beuve a publié de lui dans Port-Royal (t. III) une lettre