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DE C.-A. SAINTE-BEUVE.

maître, vous le plus exact et le plus autorisé des savants, vous avez faibli et reculé devant un demi-savant qui, au fond, n’est pas même un homme d’esprit. Ayant à rendre compte des Thèses de M. Bernard Jullien, vous avez enveloppé ce que vous pensez ; vous avez cédé aux mêmes obsessions auxquelles, en d’autres temps, j’ai résisté ; car cet homme en définitive ne demande qu’une chose, c’est qu’on s’occupe de lui et de tenir le tapis.

Au nombre de ces thèses, vous en avez rencontré une où je suis pris à partie ; c’est au sujet de l’Anthologie. Nulle part M. B. Jullien n’a plus déraisonné, je l’ose dire, et n’a mieux trahi sa demi-ignorance. S'attaquant à un travail que j’avais fait sur Méléagre, il a parlé de l’Anthologie sans la connaître, sans avoir eu entre les mains cette édition de Jacobs que vous lui conseillez. Il ne sait pas l’a b c de la question. J’avais traduit ou paraphrasé, pour en donner l’idée et le sentiment à nos lecteurs français, la préface que Méléagre avait mise à sa Couronne : M. Jullien a raisonné comme s’il s’agissait non de la Couronne de Méléagre, mais de l’Anthologie telle que nous l’avons d’après Constantin Céphalas, et il a dit : « Il n’y a rien d’Archiloque qui soit piquant dans cette Anthologie. » Dans la traduction du mot acanthe, il ne s’est pas moins trompé, très-probablement, et il n’a pas eu le vrai texte sous les