Page:Sainte-Beuve - Correspondance, 1822-1869, tome 2.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
DE C.-A. SAINTE-BEUVE.

lui-même. A vous dire le vrai, je suis persuadé que, dans l’avenir, la Correspondance de Proudhon sera son œuvre capitale et que ses livres ne seront plus que l’accessoire[1]. Agréez, monsieur, avec mes remercîements, l’assurance de mes sentiments les plus distingués.


CCCXIV.
a m. albert lacroix, éditeur.
Ce 5 novembre 1865.

Cher monsieur,

La conversation si longue et si amicalement littéraire que nous avons eue hier m’a fait beaucoup songer et ressonger. Sur le point commercial qui a été abordé par vous avec tant de netteté et de largeur à mon égard, il faut absolument que vous me permettiez une retouche. En rouvrant mes dossiers, en me rappelant à qui je dois la plupart des lettres des derniers temps et même quelques-unes de celles qui paraîtront dans la première partie, je trouve que c’est à MM. Garnier que je les dois. Comme l’idée de brochure n’était nullement dans ma pensée une chose commerciale, mais un simple recueil vendu pour la souscription, il n’y

  1. Dans le même temps, Sainte-Beuve écrivait à M. Bergmann (1865) : « …Je dirai hardiment que la manière dont il vous commente et vous explique ses ouvrages vaut mieux bien souvent que les ouvrages mêmes, ou du moins donne de lui une meilleure idée ; on l’y voit dans toute sa sincérité, dans tout son feu, se confessant d’intelligence à intelligence ; on s’explique que, moins provoqué, moins poussé à bout par l’opinion et par la société à ses débuts, il eût pu devenir autre, et, en accordant moins à son tempérament, se placer plus haut en philosophie politique. »