Page:Sainte-Beuve - Correspondance, 1822-1869, tome 2.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
CORRESPONDANCE

a jamais eu de conversation formelle à ce sujet entre ces messieurs et moi ; il est vrai qu’il y en aurait eu une ces jours derniers, si M. Hippolyte (celui des deux qui décide) avait été à Paris. En y réfléchissant, il me semble que les laisser en dehors de cette publication de brochure (si nous adoptons d’abord cette forme) leur serait pénible, non-seulement par un amour-propre tout naturel, mais par un sentiment plus respectable encore, l’affection qu’ils ont gardée à la mémoire de Proudhon. Je vous demande donc, cher monsieur, d’entrer sur ce point dans mon scrupule tout moral, et je vous prie d’en causer avec M. Hippolyte, lorsqu’il sera de retour. Quant au volume, c’est autre chose. La convenance de le rattacher jusqu’à un certain point à la publication des œuvres complètes de Proudhon et d’en faire, comme vous le disiez, une sorte d’appendice ou de corollaire, domine tout, et jamais avec ces messieurs il n’a été question de volume. Ce sera vous, d’ailleurs, qui probablement m’y aurez déterminé, le jour où vous me direz, les quatre articles terminés et supputés : « ll me faut tant de pages. » Ce sera le coup d’éperon.


CCCXV.
a m. le maire de moreuil (en picardie)[1].
Paris, ce 9 novembre 1865.

Monsieur le maire,

Je me permets de venir vous demander un service. C’est de vouloir bien faire rechercher l’acte de naissance de mon père Charles-François de Sainte-Beuve, né à Moreuil

  1. Vers la fin de l’année 1865, Sainte-Beuve terminait la révision du quatrième volume de son Histoire de Port-Royal. Parmi les personnages qui de près ou de loin se rattachaient à cette histoire, se trouvait Jacques de Sainte-Beuve, docteur de Sorbonne. Attaqué, pour le jugement qu’il en avait porté, par un magistrat de Paris qui, dans une brochure anonyme, crut devoir prendre la défense de celui qu’il regardait comme un de ses ascendants, Sainte-Beuve, qui en toutes choses cherchait l’exacte vérité, fut amené à s’enquérir de ses origines de famille, et ce fut alors qu’il écrivit à M. le maire de Moreuil la lettre suivante qu’on a eu l’obligeance de nous communiquer aujourd’hui. (Note de M. Tilloy.)