Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1881.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

je n’y lisais jamais ; — un auteur de petites feuilles ; peu de chose en vérité. — La rougeur me couvrit le front pour la noble déçue. Quoi ! madame, c’était là le choix ! c’est là le culte immortel de la plus noble douleur ! — Ce jour-là, j’avoue qu’en faisant un retour sur moi-même et sur mon mécompte de Genève, je me sentis un peu consolé.

Cinq ans se sont passés ; au moral, tout ce qui ne tue pas se guérit ou a l’air de se guérir. La machine humaine a cela de singulier, que, même après que le grand ressort est brisé, elle fait semblant d’aller encore. Un jour, je m’aperçus que quelques conversations du matin (c’est à trois heures maintenant que j’y vais) se tenaient de nouveau dans la pièce voisine et laissée ouverte… Je pouvais désormais librement y remonter la pendule, et le timbre d’or me semblait rajeuni. Un homme d’un extérieur distin-