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Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1881.djvu/103

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gué et grave me parut s’attacher à cette beauté jeune encore et qu’un reste de pâleur ne rend que plus touchante. Les soins délicats, assidus, comme une sûre promesse de fidélité, ressortaient à mes yeux de ses manières et de leur affectueuse douceur. Elle l’écoute, lui sourit si je ne me trompe ; mais les troubles, à l’anniversaire, continuent toujours. J’observe tout cela, du coin de mon métier, avec un intérêt réel et vrai pour la créature privilégiée qui ne me connaît pas et qui ne m’a pas, je crois, adressé deux fois la parole dans sa vie. L’homme m’intéresse aussi, parce qu’il est bon et a l’air touché. Pourtant, avec lui, quand mon œil l’effleure en passant, mon ironie a prise et recommence. Il est toléré, il est écouté, il se croit heureux. Mais moi qui ai vu l’autre règne, qui ai entendu cet inexprimable cri vers moi, et qui ai su pourquoi, j’ai en pitié son bonheur !