Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1881.djvu/15

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pouvait recevoir un hôte aussi illustre et aussi imprévu sans lui parler de son œuvre. Une personne se dévoua, et c’était la plus distinguée de toutes, — la seule aussi qui connût bien le chinois. En une nuit, elle eut dévoré le livre ; le lendemain, elle le raconta à déjeuner, et, quand le célèbre écrivain d’outre-mer fit son apparition, il put croire, à la façon dont on lui en parla, qu’on ne lisait que cela depuis quinze jours au château.

C’est ainsi que Napoléon savait les noms de tous ses soldats, en se les faisant dire d’avance ; — mais il n’y avait qu’une femme pour avoir, en ce temps-là, de ces prodiges d’esprit.

Laissons maintenant la parole à Sainte-Beuve. Il va rouler son rocher de Sisyphe pendant quatorze lettres, car la dame paraît lui avoir tenu la dragée haute. Nous ne savons pas, il est vrai, la fin de l’histoire. Nous n’en avons que le cadre à peine ébauché : nous