Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1881.djvu/28

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je vous écris ceci, c’est pour vous obéir et afin que quelque bonjour de moi vous atteigne dans ce château allemand où vous allez être bien aimable pour répondre au gracieux ramage dont je vous entends d’ici entourée, après ces quelques mois qui ont été, quoi que vous en disiez, d’un certain calme et d’un certain silence.

Mon Dieu ! que ces bonjours du monde font parfois un singulier effet ! Hier au soir, étant allé chez madame de R***, qui passe ici à son retour des eaux, il y est venu successivement M. Brifaut, les C***, etc. ; et toutes les mines d’hiver recommencèrent. Cela (dans ce salon un peu démeublé et après une longue abstinence) me faisait assez l’effet d’une petite comédie qu’on répète de jour : le jeu a besoin des quinquets. — Je me suis bien gardé de dire à madame de R***, qui m’a parlé de vous et m’a demandé où vous étiez, — je me suis bien gardé de répondre positivement