Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1881.djvu/67

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cessités sociales, et par une manière de sentir trop différente.

Elle est un charmant mélange de bon sens, de légèreté, de coquetterie et de vertu. Il y a là de quoi pétrir la plus divine saveur d’amitié. Mais je ne suis pas digne de l’amitié, puisqu’elle ne me suffit pas, et je ne conçois qu’un autre sentiment pour la sceller et l’assurer à jamais entre deux personnes faites pour l’union des cœurs.

J’ai l’air d’avoir tort, mais peut-être (et, au fond, j’en suis persuadé) je suis dans le vrai de la nature en sentant de la sorte. Quoi ! on aurait désiré plus que tout une personne aimable et adorée, on l’aurait désirée durant des saisons, et elle-même aurait fait quelque chose pour attiser ce désir et ne pas le laisser se décourager ; et, après des saisons passées, lorsque l’heure de trop tard a sonné, on pardonnerait la mort de ce divin bonheur qui avait été espéré ou montré du moins, et que des