Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/147

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quait par instants ce peu de rayonnement d’un cœur au fond si pénétré, et elle lui en faisait des plaintes tendres qu’apaisaient bientôt de parfaites paroles ou mieux des soupirs brûlants ; et puis, son propre soleil, à elle, couvrait tout. Ils étaient donc heureux sans que le monde les soupçonnât et les troublât. Pas de jalousie entre eux, nulle vanité ; elle, toute flamme ! lui, toute certitude et quiétude. L’histoire des heureux est courte. Ainsi se passèrent des années.

Il arriva pourtant que le désaccord de la situation et des caractères se fit sentir. Madame de Pontivy ne voyait que la passion. Pourvu que cette passion régnât et eût son jour, son heure, ou même seulement un mot à la dérobée et un regard, les sacrifices, les absences et les con-