Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/171

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terre pleine de vous, où je vous ai reçue ; je ne vous reverrai jamais ! mais je vivrai d’un passé détruit, et ma vie sera une désolation éternelle et fidèle. » Et en parlant ainsi, il reprenait ses avantages près de ce cœur qui le revoyait s’animer comme au temps des premiers charmes. Cette nature sensible, à côté de l’autre nature plus passionnée mais lassée, lui rendait en ce moment tous les rayons pleins de chaleur qu’il en avait longtemps reçus, et elle le regardait avec larmes : « Eh bien ! c’est assez ; demain, onze heures, à Chaillot », lui dit-elle ; et il se retira dans une angoisse et une attente voisines des plus jeunes serments.

Le lendemain, à l’heure de midi, par un de ces ciels demi-riants dont on ne saurait dire la saison, ils marchaient