Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/172

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ensemble dans les allées solitaires, et vertes encore, d’un vaste jardin non cultivé, qui ne recevait qu’eux. M. de Murçay, reprenant le discours de la veille, récapitulait leur amour et disait : « Quoi ! tout cela brisé en un jour… sans cause ! pour un mot dit ou omis çà et là sans intention ! pour un tort indéfinissable et dont on ne saurait marquer le moment ! Quoi ! l’amour brisé comme un simple ressort, comme une porcelaine tombée des mains ! vous ne le croyez pas !… Laissez-moi faire, ô mon amie ! Oubliez, oubliez seulement. Promettez que rien n’est accompli, supposez que rien n’est commencé. Redevenez Sylvie. Je veux reconquérir votre cœur ; je l’espère. Je veux remonter en vous pas à pas les degrés de mon trône. Je le ferai ; vous ne me reconnaîtrez plus,