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Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/211

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Mille fois du moins, dans ces vieux romans tant goûtés, on voit le page, messager d’amour, dans sa grâce adolescente, faire oublier à la dame du château celui qui l’envoie. Les brillants ambassadeurs des rois, près des belles fiancées qu’ils vont quérir aux rivages lointains, ont souvent touché les prémices des cœurs. Ici, c’est près du jeune homme qu’une belle jeune fille est messagère : élégante, légère, demi-penchée, émue et alarmée, lisant, depuis des mois, la mort ou la vie dans son regard, et il ne l’a pas vue ! Il est vrai qu’elle ne lui apparaît qu’en toilette simple, sans autre fleur qu’elle-même, derrière des barreaux non dorés, dans une chambre étroite que masque un bureau obscur : mais est-ce qu’elle ne l’éclaire pas ?