Matthisson, une littérature allemande déjà un peu vieillie, mais élevée et cordiale toujours. Un livre alors tout nouveau, et qu’il leur avait apporté, enchanta fréquemment les heures : c’étaient les Méditations poétiques ; plus d’une fois, en lisant ces élégies d’un deuil si mélodieux, il dut s’arrêter par le trop d’émotions et comme sous l’éclair soudain d’une allusion douloureuse. Cette harpe immobile dans un angle de la chambre attirait aussi son regard, et il eût désiré que Christel y touchât ; mais la faiblesse de la jeune fille ne le lui eût pas permis sans une extrême fatigue. On se disait que ce serait pour le printemps, et qu’elle le saluerait d’un chant plus joyeux après tant de silence. Ils eurent ainsi des soirs de bonheur, sans rien presser, sans trop prévoir.
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