Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/69

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tés de cette lettre. Non, chère madame, c’est un de mes rêves, un de mes trésors d’imagination aux moments où je me permets d’en avoir. Je me dis : « J’ai connu une charmante femme, une âme d’or, l’amabilité même, faisant tout pour les autres, pour un monde qui ne la méritait pas, qui pourtant l’appréciait et qui en devenait autour d’elle plus aimable et meilleur. J’aurais voulu être, par nature, de ce monde pour jouir, dans la mesure voulue, de tant de bonne grâce et de distinctions proportionnées qu’elle savait répandre autour d’elle. Elle m’a donné idée de la vie heureuse dans la société, idée qu’avant elle je n’avais pas. » Et puis je me renfonce dans la solitude, dans la misanthropie incurable, dans le Qué que ça fait ? universel. Après tout, le peu