Page:Sainte-Beuve - Lettres à la princesse.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
LETTRES

c’est-à-dire sur une bonne occasion de vous saluer et de causer un moment. — On a tant de choses à dire qu’on ne dit pas ! — À mercredi sans faute ; je maudis un peu l’hiver. Le carême, du moins, va nous mener au printemps. — J’ai trahi, un peu malgré moi, l’autre jour, dans cette page qui m’est échappée, mon sombre habituel[1] et l’amertume qui fait le fond de mon humeur quand je ne vois pas quelques-uns des rayons qui la chassent ou l’éclaircissent.

Daignez agréer, Princesse, l’expression de mon respectueux attachement.

  1. « Ainsi Marc-Aurèle a bu son calice, mais il l’a bu silencieusement. Il ne criait pas comme ce révolutionnaire cynique : « Je suis soûl des hommes, » il le pensait. Cicéron l’a dit aussi, à sa manière ; il lui en venait souvent la nausée, et il y eut un moment où tout lui parut odieux, excepté la mort. César, à la fin, ne se donnait plus la peine de défendre sa vie ; il semblait dire : « Qu’ils la prennent, s’ils la veulent ! » On arrive à ce même dégoût par tous les chemins ; il suffit d’avoir longtemps vécu et d’avoir eu à se démêler de trop près avec l’espèce humaine. » (Nouveaux Lundis, tome IX, pages 339-340, à la fin d’un dernier article sur les Entretiens sur l’histoire, par M. Zeller, 30 janvier 1865).