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À LA PRINCESSE

Mais cela ne peut durer, cela devient pitoyable ; M. de la G. d’un côté, avec son ours qu’il montre en charlatan, et qui dit : Prenez mon ours ! — de l’autre côté, ces médecins officiels, avec leur pilule qu’ils offrent timidement et qu’ils tâchent de faire avaler comme à un malade… J’ai dit le mot, et j’en frémis aussi de colère. Un grand chef habile, et qui a tant de fois fait preuve de souverain, ne saurait prolonger indéfiniment une situation où il a l’air de douter, de ne pas savoir, d’avoir la volonté malade. Que cela finisse donc ! Qu’il y ait un coup de tonnerre qui remettra tout le monde à sa place. La France n’est pas de ces nations qu’on tienne avec le système du bec dans l’eau.

Mme de la R. est une personne qui a besoin d’indulgence. Elle a toujours aspiré sans atteindre ; quand elle a cru tenir, elle n’a pas su garder. Son miroir ne l’a jamais rendue heureuse. La fin toujours assez prompte de ces demi-bonheurs a donné raison à son miroir. Aujourd’hui elle a franchi le pas que les moralistes ont de tout temps dessiné aussi sûrement que des géographes ; elle a renoncé au rouge et pris le parti