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À LA PRINCESSE

Je me fais une fête de cette lecture, et j’espère que nous aurons dans cinq semaines la représentation, et sans reculade[1].

J’exécuterai vos ordres, Princesse, en ce qui est de ces deux messieurs : j’en connais un à peine, Forcade, mais dans notre métier nous sommes tous connus les uns des autres. Quant à Vitet, qui est de mes amis et qui est le plus charmant et le plus instruit critique de beaux-arts, c’est, vous le savez, un personnage politique plus engagé qu’il ne devrait l’être, eu égard à ses goûts studieux. Il est avec Duchâtel comme les deux doigts de la main. Il a été le dernier président de la Législative, dans cette matinée qui a suivi la fameuse nuit. Il ressemble, par là seulement, à ce vieux directeur, Gohier, qui disait après le 18 brumaire : « Bonaparte m’a pris la République des mains. » C’est donc forcément un adversaire de situation, et aussi, je le crains, de passion. Si sage et si dans le vrai sur la question romaine Campana, je doute qu’il soit aussi impartial sur l’autre

  1. On joua en effet le Fils de Giboyer pour la première fois le 1er décembre 1862.