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À LA PRINCESSE

blonde, du temps qu’Eudore[1] était un petit garçon blond ; elle était chez Nodier comme une nièce, et nièce en effet d’une sœur de Nodier. La maison de Nodier, de son vivant, c’était la maison du bon Dieu ; il avait pour maxime quand on lui faisait des représentations sur son laisser-aller à recevoir chez lui et à donner l’hospitalité : « Quand il n’y a rien pour cinq, il y en a toujours assez pour six. » Cette petite fille, Louison, ainsi élevée en demoiselle, a été obligée, à la mort de Nodier, de devenir… religieuse. Elle est restée sept ans au couvent, puis n’a pu y rester davantage… La pauvre Louise est devenue femme du peuple, brocheuse, femme d’un maçon qu’elle a été obligée de quitter pour son inconduite. Elle paraît une brave femme, laborieuse, douce de ton, ayant gardé l’accent franc-comtois. Elle aura l’honneur de vous écrire, Princesse, pour vous remercier ; mais son ouvrage l’empêche de le faire avant dimanche. Grâce à votre don, elle va pouvoir entrer chez Paul Dupont, à Asnières, où l’on gagne un peu plus ; mais M. Dupont exige

  1. M. Eudore Soulié.