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Page:Sainte-Beuve - Notice sur M. Littré, 1863.djvu/14

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notice

dent, une épaule qu’il se démit en piquant une tête dans une partie de natation, l’empêcha de se présenter à l’examen. Il fut placé deux ans auprès du comte Daru en qualité de secrétaire. Sa santé commença à se déranger. Il continuait d’étudier, mais il se lassa de voir que c’était sans destination. Au sortir de chez M. Daru, il se mit à la médecine, et cette étude devint désormais la principale branche à laquelle il se rattacha (vers 1821, 1822).

Il savait dès lors (sans parler des deux langues anciennes) l’allemand qu’il possédait à fond, plus l’anglais et l’italien ; et ces diverses langues, il les savait assez, remarquez-le, pour écrire dans chacune et pour y composer même des vers. Il aimait ce dernier genre d’exercice.

Vers 1823-1824, il recevait, en même temps que M. Barthélemy Saint-Hilaire, des leçons de sanscrit d’Eugène Burnouf ; il n’en fit jamais parade, mais il assurait ainsi par les plus fortes assises les fondements de sa science philologique.

Pendant huit années, il se consacra d’ailleurs, presque sans partage, aux études médicales et aux préparations pénibles qu’elles exigent ; il disséquait dans les amphithéâtres, légèrement vêtu en hiver et sans aucune des précautions ordinaires à ceux qui ne passent pas pour délicats. Même en étudiant le corps, il semblait pour lui, au peu de soin qu’il en prenait, que le corps n’existât pas. Pendant trois ans, il allait assidûment au Jardin botanique étudier les plantes, les familles, parlant peu en chemin à son compagnon, le front penché et tout