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Page:Sainte-Beuve - Notice sur M. Littré, 1863.djvu/18

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notice

sous M. Albert Stapfer. Trois années durant, il resta dans cette position secondaire, sans que le rédacteur en chef devinât toute la portée de son mérite et sans que lui, de son côté, il fît rien pour l’en avertir. Un article qu’il écrivit un jour, à la recommandation du libraire Paulin, au sujet d’un Discours de W. Herschel, fils de l’illustre astronome, sur l’Étude de la philosophie naturelle, un très-bel article tout animé du souffle newtonien et où il s’inspirait du génie des sciences (14 février 1835), frappa pourtant et devait frapper Carrel ; arrivant ce jour-là au National et voyant Littré qui traduisait ses journaux allemands, selon son habitude, au bout de la table de la rédaction dans le salon commun : « Mais vous ne pouvez rester dans cette position, lui dit-il, vous êtes notre collaborateur. » L’estime de Carrel fut très-haute dès qu’il se mit à l’apprécier ; il essaya même de faire de lui un rédacteur politique et de premiers-Paris. C’était trop demander à l’écrivain philosophe. M. Littré, du vivant de Carrel et après lui, fit des articles et rendit des services au National, mais sans jamais être, à proprement parler, un collaborateur politique et une plume d’action.

Dès ce temps et à travers les diversions commandées par la nécessité, il avait repris la suite de ses études médicales. Il mêlait la pratique à la science. Il était des plus assidus au service de M. Rayer à la Charité, et il prit part pendant six ans aux travaux de ce médecin si distingué qui est son ami. Dès 1830, le libraire Baillière lui avait proposé de faire une traduction et une édition d’Hippocrate. Ce devait être d’abord avec M. Andral. L’affaire ne fut reprise et convenue avec M. Littré seul