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Lundi 21 et mardi 22 avril 1862.


LE POËME DES CHAMPS
par
M. CALEMARD DE LAFAYETTE[1].




De ce que j’ai beaucoup aimé autrefois la poésie, de ce que je l’ai aimée comme on doit l’aimer quand on s’en mêle, c’est-à-dire trop, ce n’est pas une raison aujourd’hui pour n’en plus parler jamais. Il est vrai que ce genre de sujet offre des difficultés particulières, qu’il est plein d’épines en même temps que de fleurs, et qu’il demande, à le traiter comme il faut, bien des délicatesses. La première est, quand on parle d’un poëte en particulier, de ne point être injuste envers tous ceux qu’on omet et qui se croient des droits à l’attention autant et plus que le préféré. C’est par le manque d’attention, en effet, que les poëtes de nos jours souffrent et qu’ils périssent c’est l’attention qu’ils récla-

  1. Librairie Hachette, boulevard Saint-Germain, 77.