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Page:Sainte-Beuve - Nouveaux lundis, tome 2.djvu/251

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ment avant tout de la critique. Il va sans dire, dans le raisonnement de la plupart, que cela suffit, et que qui les lira les louera.

Plusieurs méritent en effet des éloges. S’il n’y a pas, à l’heure qu’il est, de poëtes qui égalent les deux ou trois grands encore debout ou enlevés d’hier, il es ; plus d’un talent qui appelle considération et estime. La poésie française prise dans sa moyenne ne dépérit pas. Parmi ceux qui la soutiennent avec le plus d’honneur, je trouve des noms connus, des noms amis auxquels je ne puis échapper avant d’en venir à mon sujet principal, et que je me ferais scrupule de passer entièrement sous silence, puisqu’ils ont publié de nouveaux recueils, pas plus tard qu’hier.

Et d’abord les Poésies Barbares par M. Leconte de Lisle (1). Pourquoi ce titre de Barbares ? On se le demande. Passe encore si dans ce recueil M. Leconte de Lisle n’avait réuni que des poésies inspirées par des récits des bas temps, du Bas-Empire, par des légendes de moines de la Thébaïde, par les chants de bardes écossais et scandinaves ; mais il y a d’autres pièces qui ne sont que sauvages, et d’autres qui appartiennent à des mondes très-civilisés (l’Inde, la Perse), et même à la Grèce. Il est vrai que celle-ci n’y est qu’à peine touchée ;, et c’est sans doute la raison pour laquelle le poëte a cru pouvoir ainsi clouer en tête de son recueil ce titre voyant de Poésies Barbares, qui devient un attrait.

(1 ; Chez Poulet-Malassis.