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Lundi 11 août 1862.


SOUVENIRS DE SOIXANTE ANNÉES
par
M. ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE[1].




D’autres se sont intitulés bourgeois de Paris, et je ne prétends pas disputer à ces gens d’esprit et de haute notoriété leur qualification, leur personnalité saillante et reconnaissable ; il y a place pour plus d’un dans la grande ville. Mais, en fait de gens qui raisonnent d’art et qui écrivent, M. Delécluze est, à mes yeux, le bourgeois de Paris par excellence ; c’est le bourgeois de Paris fils de bourgeois, resté bourgeois lui-même, ni pauvre ni enrichi, ayant eu de bonne heure pignon sur rue, modeste et très-content, aimant les lettres, les arts, et en parlant, en jugeant à son aise, de son coin, — un bon coin ; — ayant gardé quelques-uns des préjugés et peut-être quelques-unes des locu-

  1. Un vol. in-18, 1862, chez Michel Lévy, rue Vivienne, 2 bis.