Page:Sainte-Beuve - Nouveaux lundis, tome 3.djvu/81

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tions de son quartier ; s’étant formé sur place, rondement et sans en demander la permission au voisin ; ayant voyagé sa ns changer, s’étant porté lui-même partout ; ne s’étant guère perfectionné, mais ne s’étant pas corrompu. Excellent homme, type honnête, modèle de probité, très-instruit et à côté de cela assez ignorant ; fin, malin, un peu taquin, curieux ; bon observateur et tout à côté un peu naïf, un peu‘ simple et, comme il s’agit de Paris, Ïallaisdire un autre mot. Le fait est qu’il y a des jours où, quand il écrit et qu’il juge autrui, il n’ouvre pas toutes ses fenêtres ; il en a même Œobstinément condamnées. M. Delécluze, qui a beaucoup écrit, n’est pourtant pas, à proprement parler, un écrivain ; mais c’est un des originaux de ce temps-ci. Je vais justifier et développer ces divers traits avec les propres récits que cet homme estimable vient de publier en dernier lieu et qu’il’avai’t‘ commencé à nous donner déjà dans son livre sur le peintre David et son École (1)1. Il y a deux façons possibles de parler de M.‘ Delécluze,

— ou comme on l’a fait récemment dans le Journal des Débats, son journal et sa maison depuis quarante ans, dest-à-dire avec un esprit de famille, d’affection, et sans le discuter ; - ou bien comme on le peut‘ faire quand on voit en M. Delécluze un témoin très-attentif, un chroniqueur très-sincère, sinon toujours exact, des idées et des goûts de notre époque, un juge des hommes et des esprits d’autant plus à considérer et à contrôler qu’il ne se donne le plus souvent (1) Louis David, son École et son Temps, Souvenirs par M. E.-J. Delécluze ; 1 vol. in-8°, 1855, chez Didier, quai des Augustins, 35.