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DE JOSEPH DELORME


Tu l’auras ; car, puisant dans ta pierre féconde,
D’Argos à Panama tu vas orner le monde
D’illustres monuments ;
Tu peuples de héros les vieux ponts de nos villes,
Les continents nouveaux, et les lointaines îles,
Et les tombeaux dormants.


SONNET

Pour un ami.


Que de fois, près d’Oxford, en ce vallon charmant,
Où l’on voit fuir sans fin des collines boisées,
Des bruyères couper des plaines arrosées,
La rivière qui passe et le vivier dormant,

Pauvre étranger d’hier, venu pour un moment,
J’ai reconnu, parmi les maisons ardoisées,
Le riant presbytère et ses vertes croisées,
Et j’ai dit en mon cœur : Vivre ici seulement !

Hélas ! si c’est là tout, qu’est-ce donc qui m’entraîne ?
Pourquoi si loin courir ? pourquoi pas la Touraine ;
Le pays de Rouen et ses pommiers fleuris ?

Un chaume du Jura, sous un large feuillage,
Ou bien, encor plus près, quelque petit village,
D’où, par delà Meudon, l’on ne voit plus Paris ?