Page:Sainte-Beuve - Poésies 1863.djvu/422

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
LES CONSOLATIONS

Tes Jeux intérieurs sont calmés, tu reposes ;
Mais ton cœur reste ouvert au vif esprit des choses.
L’or et ses dons pesants, la Gloire qui fait roi,
T’ont laissé bon, sensible, et loin autour de toi
Répandant la douceur, l’aumône et l’indulgence.
Ton noble accueil enchante, orné de négligence.
Tu sais l’âge où tu vis et ses futurs accords ;
Ton œil plane ; ta voile, errant de bords en bords,
Glisse au cap de Circé, luit aux mers d’Artémise ;
Puis l’Orient t’appelle, et sa terre promise,
Et le Mont trois fois saint des divines rançons !
Et de là nous viendront tes dernières moissons,
Peinture, hymne, lumière immensément versée,
Comme un soleil couchant ou comme une Odyssée !…

Oh ! non, tout n’était pas dans l’éclat des cheveux,
Dans la grâce et l’essor d’un âge plus nerveux,
Dans la chaleur du sang qui s’enivre ou s’irrite !
Le Poëte y survit, si l’Âme le mérite :
Le Génie au sommet n’entre pas au tombeau,
Et son soleil qui penche est encor le plus beau !


II


On lit au chapitre XXI du roman de Volupté les vers suivants :


Un mot qu’on me redit, mot léger, mais perfide,
Te contriste et te blesse, ô mon Âme candide ;
Ce mot tombé de loin, tu ne l’attendais pas :