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PENSÉES D’AOÛT.


Triomphe et rit ; — et Vous, heureuse dans la peine,
Une larme eu vos yeux, devant la mer lointaine,
Sur la mer du passé vous êtes à songer !

Paris, août.

SUR UN PORTRAIT DE GÉRARD,

UNE JEUNE FEMME AU BAIN


À MADAME RÉCAMIER


Dans ce frais pavillon de marbre et de verdure,
Quand le flot naturel avec art détourné,
Pour former un doux lac vient baiser sans murmure
Le pourtour attiédi du pur jaspe veiné ;

Quand le rideau de pourpre assoupit la lumière,
Quand un buisson de rose achève la cloison ;
Chaste au sortir du bain ; ayant laissé derrière
Humide vêtement, blanche écume et toison ;

De fine mousseline à peine revêtue,
Assise, un bras fuyant, l’autre en avant penché ;
Son beau pied, non chaussé, d’albâtre et de statue,
S’éclairant, au parvis, d’un reflet détaché,