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PENSÉES D’AOÛT.

Fut belle alors sur le caillou vermeil,
Je t’écoutais, l’âme aux flots attachée ;
J’y contemplais une image penchée,
Un doux front pur à ton cristal pareil,
Source cachée !

Tu disparus, et le saule épaissi
Ne laisse plus rien percer sous l’ombrage ;
Ton bruit lui-même en son léger langage
Est comme éteint, tant il s’est obscurci !
Plus rien ne vient : une larme épanchée
Parfois dit trop et serait reprochée.
Ô sois bénie et chère, même ainsi,
Sois plus sacrée au cœur qui t’a cherchée
Et qui tout bas te sent présente ici,
Source cachée !


À MADAME LA D. DE R.


(la duchesse de Rauzan)


Partez, puisqu’un départ est nécessaire encore,
Puisque la guérison, que notre France ignore,
Vous rappelle en Bohème au murmure d’une eau ;
Partez, et qu’en chemin la poussière embrasée
Sur votre front pâli s’adoucisse en rosée !
Que le jour ait moins de fardeau !

Que les feux du soleil, et son char qui fermente,
Rentrent sous le nuage à l’heure trop fumante !
Que votre char, à vous, n’ait secousses ni bruits ;