Si plus tard dans la vie ils se croisent encor,
Soudain la bienveillance a rapproché leur âme :
Car leurs destins divers et d’inégale trame
Ont touché le même anneau d’or.
À M. DE SALVANDY
ministre du 15 avril
Assez d’autres suivront les routes où la foule
Marche et guide, à son tour, qui la voudrait guider ;
Assez d’autres iront à la pente où tout roule,
À ce croissant concours qui va tout commander.
Assez d’autres suivront l’intérêt ou la gloire,
Le bien public aussi, fantôme des grands cœurs,
Idole si contraire aux Pénates d’ivoire,
Et le Forum rouvert, dévorant ses vainqueurs.
Laissez, laissez encor quelques-uns, à leur guise,
Tenir l’étroit sentier et cultiver l’oubli,
Et haut dans la colline où la source se puise,
S’abreuver de tristesse ou d’un rêve embelli.
Il faut aux souvenirs quelques âmes voilées,
S’enchaînant au regret, ou bien au lent espoir.
Aux généreux amis tombés dans des mêlées,
Il faut, plus faible, au moins garder foi jusqu’au soir.