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NOTES ET SONNETS.


Et tandis que des pleurs mouillaient mes tristes yeux,
J’avais sous ma fenêtre, en avril embaumée,
De pruniers blanchissants la plaine clair-semée :
— Sans feuille, et rien que fleur, un verger gracieux !

J’avais vu bien des fois Mai, brillant de verdure,
Mais Avril m’avait fui dans sa tendre peinture ;
Non, ce temps de l’exil, je ne l’ai point perdu !

Car ici j’ai vécu fidèle dans l’absence,
Amour ! et sans manquer au chagrin qui t’est dû,
J’ai vu la fleur d’Avril et rappris l’innocence.

Liége.


(M. Édouard Turquety ayant adressé à l’auteur les vers suivants, on se permet de les insérer ici, malgré ce qu’ils ont d’infiniment trop flatteur : les poëtes sont accoutumés, on le sait bien, à se dire de ces douceurs entre eux, sans que cela tire à conséquence.)


À SAINTE-BEUVE


Ami, pourquoi tant de silence ?
Pourquoi t’obstiner à cacher
L’hymne brillante qui s’élance
De ton cœur prompt à s’épancher.

Déserte pour un jour la prose ;
Réveille, après un long sommeil,
Ton doux vers plus frais que la rose
Au premier baiser du soleil.