Il y avait des évêques que l’exemple de saint Charles de Milan et de saint François de Sales animait d’une ferveur de sainteté, comme M. Gault, évêque de Marseille.
Les histoires particulières qu’on a écrites de ces hommes à piété active commencent chacune d’ordinaire par un exposé de l’état déplorable de l’Église à la fin du seizième siècle, et rapportent à celui dont on retrace la vie l’idée principale d’une restauration religieuse. Tous y concoururent, d’abord sans s’entendre, et bientôt se rejoignirent, s’entendirent, ou quelquefois se combattirent dans leurs efforts.
Mais, même avant 1611, deux hommes, alors très-jeunes, les pères de l’entreprise qui doit fixer notre attention, arrivaient à en concevoir une précoce et profonde idée. Jansénius, venu de Louvain à Paris pour motif d’étude et de santé, et M. Du Vergier de Hauranne, depuis abbé de Saint-Cyran, de quatre ans plus âgé que lui, se rencontrèrent; et, causant de leurs lectures, de leurs pensées, ils reconnurent que les maîtres d’alors, asservis à des cahiers de scolastique, ne remontaient plus à l’esprit de la véritable Antiquité chrétienne. Ils résolurent d’aller droit à ses sources; et, pour s’y mieux appliquer, M. de Saint-Cyran emmena son ami Jansénius à Bayonne dans sa famille; là, depuis 1611 jusqu’en 1617, ils étudièrent ensemble toute l’Antiquité ecclésiastique, les Conciles, les Pères, et surtout saint Augustin.
Cependant, par un concours invisible, vers le moment où, se rencontrant au Quartier-Latin, ils se faisaient ainsi part de leurs doutes, de leurs projets, en 1608, dans un monastère situé à six lieues de là, proche Chevreuse, une jeune abbesse de seize ans et demi se sentait poussée de son côté à la réforme de sa maison, de la maison de Port-Royal des Champs.