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LIVRE DEUXIÈME.

de Saint-Cyran, ne veulent que découvrir des terres nouvelles, à ceux-là, pour les rabattre et les humilier dans leur science même et sur le trône si creux de leur intelligence où ils se complaisent, il suffit de dire avec saint Augustin, avec Jansénius, avec ceux qui parlent des Enfants de Dieu, étant eux-mêmes de ces enfants :

On ne comprend (absolument, à la limite et dans la plénitude), on ne comprend que ce qu’on croit.

On ne comprend que ce qu’on aime.

Ce qui revient encore à dire : on ne comprend que ce qu’on pratique.[1]

  1. J’emprunte ces pensées à un auteur vraiment digne de les exprimer (Les Enfants de Dieu, discours, par M. Vinet, Bâle, 1837) ; on y peut lire à la page 25 : « Lui-même, ce Chrétien d’opinion dont je viens de parler, lui-même ne les comprend pas. Une vallée le sépare des incrédules, un abîme le sépare des Enfants de Dieu…