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LIVRE DEUXIÈME.

par le conseil de ses directeurs, de retourner en son diocèse, il pria M. Le Maître de lui faire la traduction du Sacerdoce de saint Jean Chrysostome, et il s’en voulait servir, pour édifier les esprits, dans un séminaire qu’il fonda. À son départ de Port-Royal, en septembre 1644, il reçut des mains de M. Singlin, pour aide et coopérateur dans son gouvernement spirituel, un saint et savant chanoine de Beauvais, M. Manguelen,[1] docteur en Sorbonne, lequel, touché lui-même du livre de la Fréquente (comme l’appelle plus couramment madame de Sévigné), avait tout résigné de son côté pour gagner le désert. Mais M. Manguelen avait le don de directeur, et M. Singlin, d’un coup d’œil, le jugeant tel, l’attacha à cette fin à M. de Bazas. Le digne prélat, accompagné donc de M, Manguelen et d’un jeune homme de choix, M. Walon de Beaupuis (l’un des futurs maîtres aux petites Écoles), se mit en route pour son évêché comme pour une conquête. On a un récit très-circonstancié de ses derniers actes,[2] car il ne vécut plus que huit mois. Il eut le temps de fonder un séminaire et de pousser à la réforme du diocèse, qui pourtant était un peu rebelle et dur : il mourut à la peine le 22 mars 1645, offrant le premier exemple de ces saints évêques selon Port-Royal, de ces évêques pénitents, comme on aura tout à l’heure l’évêque d’Aleth, Pavillon, comme le sera bien plus tard l’évêque de Senez, Soanen.

M. Manguelen, affranchi de son engagement par la

  1. On trouve aussi quelquefois son nom écrit, Manguelein ; il y a de l’incertitude en général sur l’orthographe de ces noms propres, les livres historiques sur Port-Royal n’ayant été imprimés qu’un peu tard et d’après des copies de diverses mains. Dans le cas présent, toutefois, nous sommes avertis que le nom de ce vertueux prêtre se prononçait comme si l’on eût écrit Manguelan, ce qui exclut la terminaison ein.
  2. Mémoire de M. Walon de Beaupuis, page 61 du Supplément (in-4°) au Nécrologe.