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PORT-ROYAL.

arithmétique, et allait passer aux expériences sur le Vide. Est-ce que, par hasard, d’abord ce certain manque de naturel et de simplicité dans la poésie du grand Corneille empêchait Pascal d’y prendre ? Mieux vaut accuser sa distraction.

Sa santé était déjà profondément atteinte par suite de l’unique application trop opiniâtre ; et il disait que, depuis l’âge de dix-huit ans, il n’avait point passé un seul jour sans douleur.

Je renvoie au discours de l’abbé Bossut[1] pour le détail des travaux sur le Vide. Pascal, informé par M. Petit, qui le tenait du Père Mersenne, des expériences récentes de Torricelli, les répéta à Rouen, en 1646, avec ce même M. Petit, intendant des fortifications ; et dès 1647, il publia un Avis sur les nouvelles Expériences touchant le Vide, qui promettait un traité plus complet. Son but, dans cet Avis publié, était de prendre date, et de s’assurer l’honneur de recherches qui lui avaient coûté tant de frais, de labeur et de temps. Il n’y ferait mention, ajoutait-il, que de ce qui lui était propre en découvertes sur cette matière ; bien qu’il eût répété en toutes sortes de façons les expériences d’Italie, il n’en parlerait pas, n’ayant dessein, ce sont ses termes, de donner que celles qui me sont particulières et de mon propre génie.»

Les discussions auxquelles cette publication donna lieu, les expériences nouvelles et décisives que Pascal aussitôt imagina, et qu’il chargeait, dès novembre 1647, M. Périer, son beau-frère, d’exécuter sur le Puy-de-Dôme, la répétition qu’il en fit lui-même sur la tour de Saint-Jacques-la-Boucherie à Paris, tous ces intéressants développements d’une belle et grande découverte appartiennent trop essentiellement à l’histoire des sciences

  1. En tête de l’Édition des Œuvres de Pascal.