Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t2, 1878.djvu/492

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
482
PORT-ROYAL.

Dans une lettre écrite sur lui par sa sœur, lors de sa seconde conversion (car il en eut deux), on le voit avouer qu’il fallait qu’il eût en ces temps-là, en ces premiers temps, d’horribles attaches y pour résister aux grâces abondantes que Dieu lui donnait, et aux mouvements si vifs qu’il lui faisait sentir. Cette lutte intérieure, venant compliquer tant de travaux, acheva la ruine de sa santé. Il fut saisi d’une sorte de paralysie des membres inférieurs, et ne put, pendant quelque temps, marcher qu’avec des béquilles. Il ne pouvait avaler de boisson que chaude, et goutte à goutte, à grand’peine, par suite de spasme ou de paralysie partielle au gosier. Ses pieds et ses jambes étaient comme frappés de mort, et il y fallait appliquer des chaussures trempées dans l’eau-de-vie, pour en réchauffer un peu le marbre. Avec cela, sa tête se fendait de douleurs, et ses entrailles brûlaient.

Rappelons-nous le grand Newton payant ses découvertes d’un long embrouillement de cerveau ; mettons-les, ces héros de la science, face à face avec les autres héros et victimes de la sensibilité, de l’imagination ou de la philosophie, Le Tasse, ou Swift, ou Jean-Jacques ; et de peur de hausser les épaules avec Montaigne, de rire des épaules, comme il dirait, relisons vite le chapitre de Pascal sur la grandeur de l’homme et sur son abaissement.