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APPENDICE.

SUR

LA COMÉDIE ET LE BALLET DU PALAIS-CARDINAL.

(Se rapporte à la page 10.)

J’insisterai encore sur un des contrastes qu’offrait ce spectacle mondain, donné par le Cardinal-ministre, avec la prison de M. de Saint-Cyran. Il y avait, à ce moment, une Assemblée générale du Clergé, ou du moins elle était sur le point de se réunir à Mantes (février 1641). Richelieu l’avait retardée le plus possible : il n’aimait, en aucun genre, le régime des Assemblées. Celles du Clergé, selon l’ordre accoutumé, devaient d’abord se tenir de deux en deux ans : Richelieu les différa et les espaça de cinq en cinq ans. Et encore aurait-il bien voulu se passer de cette Assemblée de 1641. Il se laissa pourtant persuader qu’il tirerait plus d’argent du Clergé par ce moyen que par des Édits. Je ne dis pas que le Cardinal-ministre eût tort, au fond, d’exiger que le Clergé contribuât pour sa part aux dépenses générales de la guerre et aux charges publiques ; mais il est très curieux de voir les instruments et ressorts dont il jouait pour arriver à ses fins. Les Mémoires de M. de Montchal, archevêque de Toulouse, nous édifient là-dessus. L’un des principaux agents du Cardinal auprès de l’Assemblée était l’évêque de Chartres, Léonor d’Estampes de Valençay, et il paraît bien que ce prélat était un comédien de première force, un parfait intrigant doublé d’un fripon. Prodigue et endetté, il avait besoin de rapiner sans cesse pour boucher des trous et suffire à ses profusions. Il comptait bien faire ses affaires en maniant les deniers dans une contribution considérable. Il n’était pas député à l’Assemblée et n’aurait pas eu assez de considération pour réunir les