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XVI


Suite du Tartufe. — Cabale et interdiction. — Grand moment de 1669. — Le Casuiste dans Tartufe. — Dévotion aisée, et direction d’intention. — De la religion de Cléante. — L’Onuphre de La Bruyère ; — ce qu’il est au Tartufe. — La peinture à l’huile et la fresque. — La poétique de Molière. — Sa muse comique ou Dorine. — Son style. — Anathèmes de la Chaire. — État vrai de la croyance sous Louis XIV. — Bossuet et Molière. — Des discordes entre grands hommes ; rêve d’un Elysée.


Dès 1664, disions-nous, Molière avait achevé sa comédie du Tartufe à peu près telle que nous l’avons. Trois actes en avaient été représentés aux fêtes de Versailles de cette année, et ensuite à Villers-Cotterets chez Monsieur : le prince de Condé, protecteur de toute hardiesse d’esprit, s’était fait jouer au Raincy la pièce tout entière. Mais les mêmes hommes qui avaient obtenu qu’on brûlât les Provinciales quatre ans auparavant empêchèrent la représentation devant le public, et la suspension avec divers incidents se prolongea. Louis XIV, en ce premier feu de ses maîtresses, était loin d’être dévot ; mais il avait dès lors cette disposition à vouloir qu’on le fût, qui devint le trait marquant dans sa vieillesse. Tout en songeant à revoir et à corriger sa pièce