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PORT-ROYAL.

point non plus d’une petite-fille que vous faites élever à Port-Royal, et du commerce que vous avez avec ces Messieurs. » Le confesseur exigeant un mea culpa là dessus, et parlant même de rétractation publique, le pénitent ne put se résoudre d’aucune manière à s’en accuser, et il sortit paisiblement du confessionnal. Mais l’affaire fit grand bruit. Patience ! ce M. Picoté était nécessaire comme point de départ : sans lui, sans cette affaire de sacristie, point de Provinciales !

On crut, et avec raison, que le refus d’absolution avait été concerté entre le confesseur et l’ancien curé de la paroisse, M. Olier, fondateur du séminaire de Saint-Sulpice, homme à la saint Vincent de Paul, de plus de zèle et de charité que d’étendue et de fermeté d’intelligence, plein de cérémonies et d’images, mystique d’ailleurs jusqu’à la vision[1]. Il avait, en pratique, rendu de grands services, avait notamment formé (en 1651) une espèce d’association contre les duels et dressé à cet effet un règlement qu’un grand nombre de gentilshommes de sa paroisse avaient solennellement signé. La fondation de la maison de Saint-Sulpice suffit pour honorer et perpétuer sa mémoire. Il y avait plusieurs années déjà qu’il s’était vu obligé par ses infirmités de résigner sa cure à M. Le Ragois de Bretonvilliers, mais

    troversiste abondant, d’ailleurs peu dangereux, qui aurait bien voulu un évêché de Mazarin. Cet abbé se rétracta peu après de son opposition à la Bulle, et, ainsi que le dit en manière d’excuse une Relation janséniste, changea de conduite, mais non de sentiment. Il signa le 4 novembre 1661. Il était de Volvic, près Riom, en Auvergne.

  1. Il était en commerce habituel avec les Anges, et disait qu’un des plus grands qui se fût jamais donné à créature sur la terre, et que l’on croyait être un SÉRAPHIN, ne le quittait pas. Le Semeur a récemment reproduit des extraits onctueux de ses Lettres spirituelles (septembre et octobre 1841) ; pour tout dire, il y faudrait joindre les autres extraits singuliers donnés par Nicole (Nouvelles Lettres de celui-ci, suite du tome VIII des Essais, p. 194). Nicole,