que Dieu me donne plus que jamais de fuir toutes sortes de contestations et de disputes m’auroit empêché de me rendre à la prière que vous m’avez faite, de vous dire mon sentiment touchant une affaire… » C’est ainsi que, de désir en désir de fuir les disputes, Arnauld s’y engageait de plus en plus. Sa Lettre provoqua une foule de réponses du Père Annat et des autres intéressés, neuf écrits en tout, auxquels il dut encore répliquer dans une seconde Lettre à un Duc et Pair (c’était M. de Luines), datée de Port-Royal des Champs, 10 juillet 1655. Dans cette seconde Lettre, qui était tout un volume, ses ennemis relevèrent deux points comme particulièrement attaquables, à savoir : 1o il y justifiait le livre de Jansénius et mettait en doute que les Propositions y fussent ; 2o il y reproduisait même la première des Propositions condamnées, en disant que l’Évangile et les Pères nous montraient en la personne de saint Pierre un Juste à qui la Grâce nécessaire pour agir avait manqué. En vain Arnauld avait-il fait remettre son nouvel écrit au pape Alexandre VII, qui, dit-on, le reçut en donnant tout haut des louanges à l’auteur : on dénonça le livre à M. Claude Guyart, nouveau Syndic de la Faculté de Théologie de Paris et nommé dans cette vue. Celui-ci, dévoué au parti moliniste, fit nommer (4 novembre) des commissaires également molinistes pour examiner.
L’affaire, pour peu qu’on y réfléchisse, était capitale : il s’agissait d’ôter une bonne fois la parole à Arnauld, de le bâillonner en Sorbonne, lui et les docteurs ses amis, et de s’assurer par un coup de vigueur l’appui de la Faculté de Théologie, ce tribunal permanent de la doctrine.
comme il parlait à son peuple par celle de Moïse. » M. Picoté et Moïse ! c’est un peu rude ; mais avec ces esprits injudicieux il ne faut s’étonner de rien. (Voir au reste, si l’on veut entendre les deux sons, la Vie de M. Olier, par l’abbé Faillon, tome II, p. 221.)