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LIVRE QUATRIÈME.

Ceux-là, sans doute, connoissent bien peu quel étoit l’esprit de ces Messieurs, qui s’imaginent qu’ils avoient dessein d’établir une nouvelle doctrine, et qu’ils tenoient dans cette vue des Écoles pour y nourrir de leurs sentiments ceux qui y étoient instruits. Jamais enfants n’ont été élevés dans une plus grande simplicité que nous et tous ceux qui nous ont suivis ; jamais on ne parla moins de ces sortes de matières théologiques que dans nos Écoles ; et je crois pouvoir assurer, sans crainte d’être démenti par quelques-uns de mes compagnons d’études qui sont encore vivants " et engagés dans le monde[1], que nous en savions beaucoup moins sur ces matières que plusieurs de ceux qui sortoient des Collèges publics de Paris. »

Dans le temps que ces jeunes enfants étaient ainsi nourris dans la piété, l’innocence et la simplicité, une première tempête s’éleva, dont ils sentirent le contrecoup:c’était au sujet du livre de la Fréquente Communion. Les trois jeunes Du Fossé et M. de Villeneuve furent envoyés du monastère des Champs à la terre du Chesnai, qui appartenait pour lors à M. Des Touches (1644). Du Chesnai ils retournèrent à Port-Royal des Champs, dès que l’orage fut un peu apaisé. C’est après ce retour qu’on fit venir exprès de Paris, pour diriger leurs études, M. Lancelot, le maître essentiel. Mais comme le nombre des enfants augmentait, et que d’ailleurs la mère Angélique songeait à ramener les religieuses en la maison des Champs, on résolut d’établir des Écoles plus régulières à Paris, dans le cul-de-sac de la rue Saint-Dominique d’Enfer. Ce fut vers la fin de l’année 1646, ou au commencement de 1647, que se fit cet établissement. Les enfants y trouvèrent quatre maîtres, MM. Lancelot, Nicole, Guyot et Coustel; chacun de ces maîtres était chargé de faire étudier environ six

  1. Du Fossé écrivait ceci en 1697.