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LIVRE QUATRIÈME.

gures. — Il était né à Beauvais le 9 (ou 29) août 1621. Il fit ses études dans sa ville natale, et y eut pour régent d’humanités M. Godefroy Hermant, alors très-jeune, depuis célèbre par ses Vies de saint Basile et de saint Grégoire de Nazianze, par celles de saint Jean Chrysostome, de saint Athanase et de saint Ambroise, dans lesquelles l’aidèrent Le Maître et Tillemont, et uni en tout de la plus étroite liaison avec Port-Royal. Venu à Paris en 1637, le jeune de Beaupuis y refit une année de rhétorique au Collège des Jésuites, sous le fameux Père Nouet, et il dut s’en ressouvenir plus tard pour savoir la méthode et le genre qu’il fallait éviter. Il fut plus heureux en trouvant au Collège du Mans M. Arnauld, qui, tout en poursuivant sa Licence, préludait avec éclat par un Cours de philosophie. La thèse de M. de Beaupuis, présidée par Arnauld, est restée mémorable dans les fastes de Sorbonne[1]. Mais Arnauld n’était pas encore, à cette date, le fils spirituel de M. de Saint-Cyran. Ce ne fut qu’en 1643 que M. Manguelen ayant fait lire à M. de Beaupuis, pendant ses vacances à Beauvais, le traité de la Fréquente Communion, celui-ci témoigna désirer ardemment d’avoir pour directeur de son âme l’auteur de ce livre, où, pour la première fois, il trouvait exprimée l’idée d’une chrétienne conversion. M. Manguelen l’adressa à MM. Singlin et de Rebours, et chez eux M. de Beaupuis retrouva MM. Arnauld et Hermant, ses anciens maîtres : il était donc à Port-Royal par tous les liens. Il vint se joindre aux solitaires des Champs le 16 mai 1644, dans ce premier printemps du désert. On ne l’y laissa pourtant point confiné. Ce fut sans doute en qualité de son élève le plus distingué de philosophie, qu’Arnauld l’envoya visiter de sa part Descartes, qui était venu à Paris dans l’été de 1644 :

  1. Voir précédemment tome II, page 14.